51/ Monstre

Come feed the rain
’cause I’m thirsty for your love dancing underneath the skies of lust
Yeah, feed the rain
’cause without your love my life ain’t nothing but this carnival of rust

 

« Le corps encore chaud finissait de tressauter en ses derniers sursauts d’agonie, tandis que son sang s’échappait en un bouillonnement joyeux de la large plaie, alimentant les rigoles de par et d’autres de l’autel. Avec effroi, la petite silhouette attachée sur la pierre froide voyait les effluves carmines lentement remonter vers elle, alimentant les runes gravées sur le basalte, formant des schémas impies propres à nourrir ce qui allait se dérouler par la suite.

Une main fraîche, inattendue et complètement déplacée se posa sur son front, effleurant avec tendresse ses cheveux. La suppliciée frissonna sous le contact comme s’il la brûlait bien plus que les runes abominables qu’on était en train de tracer sur sa peau. Les regards, s’échangèrent entre la victime et son bourreau tandis que celui-ci continuait sa caresse improbable…. »

Amarane se réveilla tandis que les plaintes qui avaient sans doute perturbé son sommeil finissaient de mourir sur ses lèvres. Le souvenir se matérialisait dans son esprit, elle comprit alors.

Pourquoi, envers et contre tout, elle était restée en vie.

Lorsque le Revenant s’était penché sur elle, elle avait voulu prononcer son nom mais un doigt s’était posé sur sa bouche pour la faire taire. Et tandis qu’on lui arrachait chacun de ses pactes qui la renforçait contre la Comtesse, le lieutenant de la Bête lui avait dit: « A la fin du Jeu, Petite Mère, c’est moi qui gagne. Ni toi, ni la Comtesse. Moi. »

Et dans l’ignoble partie d’échec qui venait de s’engager -car celle qui incarnait le Revenant adorait ce jeu, les noirs n’étaient que des pièces qu’on déplaçait pour les appâter. Le vrai joueur, lui, s’abritait soigneusement derrière son masque de serviteur, attendant certainement son heure pour frapper. Frapper? Etait-ce vraiment son intention ou poursuivait-elle un but connu d’elle seule?

L’élonienne ferma les yeux. Une chose était sûre: ce monstre là, c’est elle qui l’avait créé.

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